Pourquoi je mange ? La faim émotionnelle

Dans mon précédent partage, je vous ai parlé des sensations de faim et de satiété, du fait qu’elles devraient en principe être les moteurs et freins à la prise alimentaire. Mais vous l’avez compris, ce n’est pas aussi simple que ça.

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La version à lire

Dans la boîte à outils, je vous ai glissé quelques épisodes d’un podcast que j’aime beaucoup, « Se sentir bien » d’Esther Taillifet. Axé sur le développement personnel, son podcast aborde notamment les problèmes de surpoids, qu’elle connaît bien car elle en a longtemps souffert, et elle accompagne ses coaché.e.s sur ce sujet. Dans un épisode, elle raconte cette anecdote qui m’a marquée et qui illustre assez bien une problématique que nous sommes nombreux à rencontrer.

Dans l’entreprise dans laquelle elle travaillait il y a quelques années, il y avait souvent des « pots », ces petites réceptions professionnelles où l’on mange, boit, tout en fêtant tel ou tel événement. Une de ses collègues, très mince, avait l’habitude de dire qu’elle pouvait manger ce qu’elle voulait, qu’elle ne prenait jamais de poids. Le genre de propos qu’on a tous entendus au moins une fois et qui le don d’agacer quand on est persuadé que la moindre entorse à notre équilibre alimentaire va nous faire prendre 3 kilos.

Lors d’un de ces fameux pots, défilent toutes sortes de petits fours salés, puis vers la fin, arrive un plateau de macarons. Et là, la fameuse collègue dit (en résumé, je n’y étais pas et je retranscris de mémoire l’anecdote) : « mince, si j’avais su qu’il y avait des macarons, je n’aurais pas mangé tout ça avant, maintenant je n’ai plus faim, dommage ». Cette petite phrase frappe Esther comme un bus ! Comment ça ? Elle a besoin d’avoir faim pour manger des macarons ? Parce que oui, la grande différence entre Esther et sa collègue, c’est que quand cette dernière dit qu’elle peut manger tout ce qu’elle veut sans grossir, on ne parle pas métabolisme mais satiété et satisfaction de celle-ci. La clé est dans le « tout ce qu’elle veut ». Quand elle n’a plus faim, donc quand elle éprouve la sensation de satiété, elle ne « veut » plus manger, là où Esther et beaucoup d’entre nous prendrons un voire plusieurs macarons poussés par ce qu’on appelle la gourmandise.

C’est un bien joli mot, ou en tous cas on en a fait un joli mot car à la base c’était plutôt considéré comme un défaut (on a tous entendu « la gourmandise est un vilain défaut »).
Dans le fond, être gourmand dans le sens où on apprécie les bonnes choses est plutôt chouette. Les personnalités gourmandes sont souvent les plus joviales, celles qui ont le plus d’entrain ou du moins c’est ce que l’on veut voir en elles au point de valoriser ce trait et d’enfermer les bons mangeurs dans cette attitude. Quand on a habituellement un bon coup de fourchette, pour peu que l’on mange un peu moins, on s’expose immanquablement aux questions : « tu es malade ? », « tu es au régime ? », « c’est pas bon ? ». Idem quand on est en surpoids, on s’attend à nous voir beaucoup manger, et on se voit souvent servir une portion bien copieuse. Bref on est enfermé dans ce schéma et ce n’est pas facile d’en sortir.
Rembobinons un peu l’histoire.

Manger pour assouvir sa faim comme un bébé

Le bébé réclame à manger quand il a faim et cesse de se nourrir quand il n’a plus faim. Son besoin de se nourrir est physiologique, c’est simple et efficace.
A quel moment est-ce que ça dérape ? A quel moment l’acte de manger ne répond plus à un besoin vital mais à tout un enchainement de processus psychologiques bien plus complexes ?

La nourriture au rang de récompense

Ça commence assez tôt, dans la petite enfance, quand le médecin nous donne un bonbon après le vaccin, quand on a droit à un œuf en chocolat ou une glace parce qu’on a été sagela nourriture devient une récompense et notre cerveau crée ce raccourci dont il va être difficile de se défaire. Remarquez au passage qu’on est en général sur des récompenses sucrées.

Alors pas étonnant qu’arrivés à l’âge adulte, on s’auto-récompense par des « petits plaisirs » gourmands à coup de « je l’ai bien mérité », « après la journée que j’ai passée, je peux bien m’accorder ça », « c’est un jour spécial, je peux me lâcher ». On voit bien que la nourriture ne répond plus à un besoin physiologique de se nourrir, la fameuse faim, mais à une faim émotionnelle, le besoin de se récompenser, de se consoler, de se réconforter.

La compensation émotionnelle

Pour certains, cette compensation émotionnelle passe par la cigarette, l’alcool, les réseaux sociaux, les heures passées devant des séries… La nourriture n’est qu’un moyen parmi d’autres de répondre de la mauvaise façon à une problématique et de créer des mauvais réflexes, voire des dépendances.

Sans aller jusque-là, nous avons tous plus ou moins tendance à agir comme ça non ? Alors je vous propose quelque chose de simple : la prochaine fois que vous prenez un carré (une barre, la plaque) de chocolat, ouvrez le tiroir du bureau pour piquer un biscuit, le frigo pour grignoter une tranche de saucisson, demandez-vous simplement pourquoi. A quel besoin est-ce que vous répondez ? Qu’est-ce qui vous a contrarié ? Ce n’est pas forcément quelque chose de fou, c’est peut-être juste par ennui… Et si vous le pouvez, ouvrez ce dialogue avec vous-même : « ok je suis contrariée mais ce biscuit / carré de chocolat / morceau de saucisson ne résoudra pas mon problème ».

A vrai dire, il va même l’aggraver car il mine souvent votre estime de vous-même à coup de « je ne suis même pas capable de résister », « je vais encore prendre du poids » même si, comme on l’a vu dans l’épisode sur l’effet cumulé, un biscuit ne fait pas prendre de poids, la somme de tous les biscuits, c’est autre chose.

Maintenant que vous avez pris conscience du fait que vous ne mangez pas par faim mais pour compenser quelque chose émotionnellement, essayez de résister, de retarder ou tout simplement d’attendre que la faim, la vraie, vienne.

C’est un petit exercice mais sa pratique régulière finit par porter ses fruits, à condition de ne pas reporter cette compensation sur autre chose (tabac, alcool ou autre) ce qui serait le signal que le problème de fond n’est pas résolu et ça vaut peut-être le coup de s’y pencher non ?

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2 commentaires

  1. Merci, très intéressant.
    Grand chantier pour moi, je n’ai pas faim, j’ai juste envie de manger, le plaisir de se remplir l’estomac.
    Je sais même pas si réellement sa calme des angoisses, j’ai pas l’impression d’être en stress intérieurement.
    Voici un sujet d’étude pour apprendre à me connaître.
    Encore merci pour vos réflexions, ça me permet d’avancer.
    Bonne journée.

    1. Merci Béatrice pour ce témoignage et oui vaste sujet bien plus complexe qu’il n’y parait mais aussi très intéressant.
      Très bonne journée

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